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Tryptophane : se complémenter ou pas...

MEMOIRE DIUE MAPS 2022. Aude Lamorelle

UNIVERSITE DES SCIENCES FONDAMENTALES ET BIOMEDICALES PARIS CITE


Intérêt de l’évaluation du microbiote intestinal, du statut inflammatoire, du cycle du cortisol et de l’homocystéinémie avant la supplémentation en tryptophane.


Abstract

Tryptophan is used as a dietary supplement to improve mood and sleep. Its effects reported in studies are mixed. The principle that presides over this supplementation is the increase in the central synthesis of serotonin. The different pathways of tryptophan metabolites: kynurenines, indole, peripheral serotonin and their derivatives are the subject of an abundant literature. However, few studies have observed the effects of oral supplementation on the production of these different metabolites. This review exposes, in a non-exhaustive way, the situations which activates the production of metabolites other than central serotonin and, theoretically, the consequences of supplementation in these situations. It suggests an evaluation of inflammatory status, intestinal microbiotic balance, cortisol cycle and homocysteinemia prior to tryptophan supplementation.


Résumé

Le tryptophane est utilisé comme complément alimentaire pour améliorer l’humeur et le sommeil. Ses effets rapportés dans les études sont mitigés. Le principe qui préside à cette supplémentation est l’accroissement de la synthèse centrale de sérotonine. Les différentes voies de production des métabolites du tryptophane : kynurénines, indole, sérotonine périphérique et leurs dérivés font l’objet d’une abondante littérature. Cependant, peu d’études ont observé l’effet d’une supplémentation orale en tryptophane sur la production de ces différents métabolites. Cette revue expose, de manière non exhaustive, les situations qui activent la synthèse de métabolites autres que la sérotonine centrale et, théoriquement, les conséquences de la supplémentation dans ces situations. Elle suggère une évaluation du statut inflammatoire, de l’équilibre microbiotique intestinal, du cycle du cortisol et de l’homocystéinémie préalable à une supplémentation en tryptophane.


Liste des abréviations

AA : acide aminé AK : acide kynurénique

AQ : acide quinolinique BHE : barrière hémato-encéphalique

CE : cellules entérochromaffines ERO : espèces réactives de l’oxygène

HHS : hypothalamo-hypophyso-surénalien IDO : indoleamine 2,3-dioxygénase

KAT : kynurénine amino-transférase KMO : kynurénine mono-oxygénase

KYN : kynurénine LPS : lipopolysaccharide

MICI : maladies inflammatoires chroniques de l’intestin

NAD+ : nicotinamide adénine dinucléotide SII : syndrome de l’intestin irritable

SNC : système nerveux central TDO : tryptophane 2,3-dioxygénase

TLR :Toll-like récepteur TRP : tryptophane

VK : voie de la kynurénine 3HK : 3-hydroxykynurénine

5-HT : sérotonine


Introduction

Le TRP est le plus rare des acides aminés (AA) dans les protéines, il est néanmoins précurseur d’une foule de métabolites : kynurénine (KYN), indole, sérotonine et leurs dérivés. C’est un AA essentiel pour les mammifères. Plus de 90% du TRP de l’organisme est utilisé par la voie de la kynurénine (VK) détaillée plus loin. En ce qui concerne la sérotonine, elle est produite à 95% par les cellules entérochromaffines (CE) de l’intestin, à moins de 5% dans le système nerveux central (SNC). Dans l’intestin et le SNC, Le TRP est d’abord converti en 5-hydroxytryptophan (5-HTP) par l’enzyme limitante TRP hydroxylase qui n’est pas saturée à des concentrations normales de TRP. Augmenter sa concentration peut donc théoriquement augmenter la production de sérotonine[1]. Ensuite l’enzyme décarboxylase des acides aminés aromatiques produit la sérotonine ou 5-hydroxytryptamine (5-HT).

Le TRP pénètre dans le SNC par le transporteur des acides aminés neutres de la barrière hémato-encéphalique (BHE) ; il est en compétition avec les AA branchés pour ce transport, qui est donc altéré par un repas riche en protéines, et favorisé par un repas riche en glucides. C’est d’ailleurs un biais dans les recherches sur l’efficacité de la supplémentation en TRP qui n’est pas pris en compte dans la littérature recensée ici.

Il existe de nombreuses études sur les liens entre le TRP et le comportement sur la base desquelles cet AA a été utilisé depuis des décennies comme complément alimentaire pour les troubles de l’humeur, et pour le sommeil, la sérotonine étant précurseur de la mélatonine. Pourtant son utilisation ne fait toujours pas consensus à l’heure actuelle. En effet, peu d’études sur son efficacité existent. Certaines sont anciennes et contradictoires[2], [3], [4], [5], manquent à la fois d’ampleur dans la taille de l’échantillon et de conclusions quant à la posologie. Globalement, elles tendent à montrer un effet modéré dans les formes légères de dépression mais pas dans les formes sévères. Plusieurs études plus récentes chez des adultes en bonne santé, recensées dans la revue d’Asako et al. [6], ont montré une amélioration de l’humeur et une résistance aux émotions négatives avec des doses comprises entre 1 et 3 g de TRP par jour.

Les recommandations alimentaires journalières pour le TRP fournies par l’Organisation Mondiale de la Santé sont modestes : 4 mg/kg. La maigre littérature sur les effets indésirables du TRP en supplémentation ne signale que l’absence d’effets[7], ou des effets mineurs à des doses importantes (70-200mg/kg) : tremblement, nausée et vertiges, hormis dans le cas de l’utilisation du TRP concomitante à un traitement médicamenteux améliorant la fonction sérotoninergique qui peut dans de rares cas provoquer un syndrome sérotoninergique[8].

En l’absence d’études spécifiquement dévolues au sujet, quels effets peut, théoriquement, avoir la supplémentation en TRP sur la production de ses différents métabolites ?

La suractivation de la VK détourne-t-elle la supplémentation en TRP à son profit, au détriment de la production de sérotonine centrale, et quelles seraient les conséquences d’une production accrue des métabolites de cette voie ?

L’importance majeure de la sérotonine pour l’axe microbiote-intestin-cerveau et la capacité du microbiote à métaboliser le tryptophane sont établis par de nombreuses recherches. Alors que l’analyse du microbiote et de ses métabolites est devenue accessible au grand public, aucune étude à notre connaissance n’a exploré les conséquences de la supplémentation en TRP sur l’équilibre intestinal et ses conséquences systémiques et centrales. A la lumière des études qui sont consacrées aux métabolites microbiens du TRP, quelles hypothèses peuvent être avancées ?

Enfin la sérotonine circulante, dont la majeure partie se trouve dans les plaquettes, a de multiples fonctions. Peuvent-elles être altérées par la supplémentation en TRP ?

Des analyses biologiques sont-elles souhaitables avant d’envisager cette supplémentation ?


Voie de la kynurénine et inflammation

90 à 95% du TRP est transformé en kynurénine (KYN) et ses dérivés [9]. La kynurénine est produite à partir du TRP dans le foie via l’enzyme tryptophane 2,3-dioxygénase (TDO), et dans les tissus de l’intestin, du poumon, de la rate, du cerveau (dans les neurones, la microglie, les astrocytes), et dans les cellules immunitaires via l’indoleamine 2,3-dioxygénase (IDO). L’IDO est induite par les cytokines pro-inflammatoires. La TDO par le TRP en situation physiologique, et par les glucocorticoïdes, donc par l’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) [10] (fig. 1).

Le métabolisme de la kynurénine se divise ensuite en plusieurs branches (fig. 2) : notons, via la kynurénine amino-transférase (KAT) la branche de l’acide kynurénique (AK) qui a des effets généralement neuroprotecteurs[11](agoniste du récepteur nicotinique à l’acétylcholine α7 et antagoniste du récepteur NMDA) ; et la branche de l’acide quinolinique (AQ), agoniste du récepteur NMDA, excitotoxique, pro-oxydant, neurotoxique (déstabilisation du cytosquelette cellulaire, hyperphosphorylation de tau, perturbation de l’autophagie) qui altère la BHE et induit la production de médiateurs pro-inflammatoires par les astrocytes[12]. Cette voie métabolique produit via la kynurénine mono-oxygénase (KMO), la 3-hydroxyquinurénine (3HK), pro-oxydante, puis l’AQ. A partir de l’AQ est produit l’acide nicotinique mononucléotide, puis le nicotinamide adénine dinucléotide (NAD+) (fig. 3).

La branche neurotoxique de la VK est favorisée en cas d’inflammation (le métabolisme du TRP prend la voie du NAD+ pour soutenir la production d’énergie nécessaire pour détruire les pathogènes). Connor et ses collègues[13] ont montré qu’en présence de lipopolysaccharides (LPS) dans le cerveau du rat, qui activent les récepteurs toll-like 4 (TLR4), l’expression d’IDO est augmentée, et celle de KMO, alors que l’expression de l’enzyme KAT n’est pas modifiée 24 heures après l’introduction de LPS. Les autres molécules pro-inflammatoires qui activent l’IDO sont principalement l’interféron gamma, le TNF-α et certaines cytokines telles que l’interleukine 1-bêta.

La KYN et la 3HK peuvent traverser la BHE. Il est généralement considéré que les deux dérivés aux effets neurologiques antagonistes de la KYN, l’AK et l’AQ, ne passent pas bien la BHE. 60 à 80 % de la KYN seraient transportés dans le cerveau par le transporteur des AA neutres dans des conditions physiologiques. Lors d’une inflammation systémique, Kita et ses collègues[14] ont constaté dans des modèles murins une augmentation du transport de KYN dans le cerveau. La branche de l’AQ étant activée en cas d’inflammation, une inflammation systémique pourrait donc accroître la production d’AQ dans le cerveau et entraîner des dommages centraux s’il n’était pas assez vite transformé en NAD+. Or, Rahman et ses collègues[15] ont montré sur des cultures de neurones humains que l’AQ est absorbé par les neurones pour produire du NAD+ mais qu’il peut s’y accumuler car l’enzyme qui transforme l’AQ en NAD+, la quinolinate phosphoribosyltransférase, est vite saturée. Cette accumulation est corrélée à l’hyperphosphorylation de la protéine tau, qui altère le transport axonal et menace l’intégrité de la cellule.

L’activation de l’IDO et la production des métabolites de la VK sont la pierre angulaire de l’induction des symptômes dépressifs en cas d’inflammation dans des modèles animaux selon l’étude de Marcus et al.[16] qui montrent que lorsque des effets dépressifs sont induits chez des souris par le LPS, ceux-ci peuvent être annulés par l’inhibition de l’IDO sans modification de la présence des cytokines pro-inflammatoires.

En cas d’inflammation systémique ou de neuro-inflammation, la supplémentation en TRP serait donc contre-indiquée car elle soutiendrait la production des composés neurotoxiques et pro-inflammatoires de la KYN dans le cerveau. L’inflammation qui détourne la synthèse de sérotonine au profit des composés neurotoxiques de la VK est une hypothèse de la pathogenèse des troubles dépressifs majeurs[17]. En présence de ces troubles dépressifs et de maladie neurodégénérative, la supplémentation pourrait fournir davantage de substrat à la production neurotoxique d’AQ. L’ activation dérégulée de cette branche de la VK a été observée dans de nombreuses pathologies recensées dans la revue de Song et al.[18] : maladie de Huntington, d’Alzheimer et de Parkinson, sclérose en plaque, dépression, diabète, cancer, maladies inflammatoires de l’intestin.

Par ailleurs, en présence de glucocorticoïdes et donc de stress activant l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS), la TDO est activée et donc la production de métabolites de la VK. La demande énergétique accrue en cas de stress conduit l’organisme à favoriser la production de NAD+. L’augmentation de la production de ces métabolites à partir du TRP réduit la quantité de substrat disponible pour la synthèse de sérotonine centrale, et accroît la présence de dérivés neuro-actifs[19]. Les dérivés neurotoxiques pénètrent-ils dans le cerveau et en quantité suffisante pour saturer l’enzyme qui transforme l’AQ en NAD+ ? L’activation de la TDO est-elle stable en cas de chronicité du stress ? Les réponses manquent encore. Cependant, si, physiologiquement, cette voie est favorisée pour produire du NAD+, la supplémentation concomitante en nicotinamide, ou en acide nicotinique, précurseurs du NAD+, pourrait-elle permettre d’épargner TRP ? La revue de Katsyuba et Auwerx[20] rapporte plusieurs études qui ont montré que chez les rats, au moins dans le foie, c’est le TRP qui est préférentiellement utilisé pour la synthèse de NAD+, et non le nicotinamide ou l’acide nicotinique, dont la capacité de transformation en NAD+ est très limitée, probablement à cause la saturation de leurs phosphoribosyltransférases respectives. Si c’est aussi le cas chez l’homme, en présence de glucocorticoïdes, une supplémentation en TRP, même associée à toutes formes de vitamine B3, serait inapte à augmenter la 5-HT centrale.


Métabolisme du tryptophane par le microbiote intestinal : l’indole et ses dérivés

Certaines bactéries symbiotiques convertissent le TRP en indole. La tryptophanase, qui convertit le TRP en indole, est exprimée notamment par des lactobacilles[21], des Enterobacteriaceae, des Clostridiaceae, Verrucomicrobia[22], des Bacteroidetes telles que les Alistipes, majoritairement des bactéries à Gram négatif (les lipopolysaccharides à la surface des bactéries Gram négatif peuvent être pro-inflammatoires par activation des TLR4 qui activent à leur tour NF-kB).

De nombreux dérivés d'indole sont des ligands du récepteur des aryl-hydrocarbures (AhR). La signalisation AhR joue un rôle immunitaire important au niveau des barrières en agissant sur le renouvellement épithélial, l'intégrité de la barrière et de nombreux types de cellules immunitaires. L'indole est également une molécule de signalisation qui influe sur la résistance aux antibiotiques, la sporulation et la formation de biofilm par les microorganismes en inhibant le quorum sensing chez les bactéries non productrices d'indole[23].

L’indole est ensuite métabolisé par le foie en sulfate d’indoxyle (indican). Ce métabolite peut être toxique pour la fonction rénale et le système cardiovasculaire : il induit des radicaux libres (anion superoxyde) dans des cellules rénales, endothéliales et les cellules musculaires lisses vasculaires ; il favorise la calcification aortique et l’épaississement de la paroi aortique chez des rats hypertendus[24]. L’étude de Poesen et al. portant sur l’augmentation des protéines dans le régime alimentaire humain montre une augmentation du taux de l’excrétion urinaire d’indican[25]. La supplémentation en TRP, AA le plus rare dans les protéines, augmenterait-elle aussi ses niveaux ou le TRP serait-il mieux assimilé dans l’intestin grêle sous forme de supplément que dans les protéines alimentaires, privant les bactéries coloniques qui les métabolisent de substrat ? Aucune étude sur l’innocuité de la supplémentation en TRP n’a évalué l’augmentation de l’indican à notre connaissance. Un microbiote présentant un excès de bactéries exprimant la tryptophanase produirait vraisemblablement plus d’indican à partir de la supplémentation en TRP, surtout si elles ont proliféré dans l’intestin grêle, en cas de SIBO donc.


Sérotonine et inflammation intestinale

Les rôles de la sérotonine dans l’intestin sont nombreux et ses fonctions sont différentes en fonction des récepteurs qu’elle active. Dans le tractus digestif, les récepteurs 5-HT3 activent les neurones extrinsèques afférents qui sont impliqués, entre autres, dans la sensibilité et en particulier les sensations de douleur ; les récepteurs 5-HT4 régulent la contraction et la motilité[26].

Une fois que la sérotonine produite par les CE a transmis l’information en provenance de l’intestin aux neurones intrinsèques ou extrinsèques, elle est éliminée par le transporteur de recapture de la sérotonine (SERT) situé dans la membrane des cellules intestinales et métabolisée en acide 5-hydroxyindolacétique (5HIAA). La régulation de la production et de la recapture de la 5-HT est perturbée dans le syndrome de l’intestin irritable (SII), ainsi que dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)[27]. Une augmentation de la sérotonine dans l’intestin est corrélée à la sévérité de la douleur et relève, selon l’étude de Stasi et al. [28] de la micro-inflammation entretenue dans l’intestin par les macrophages. Dans leur étude de 2009, Ghia et ses collègues[29] ont montré que la sévérité de la colite expérimentale induite chez des souris était réduite chez des souris déficiente en tryptophane-hydroxylase, suggérant une implication de la 5-HT dans l’inflammation. La 5-HT a stimulé la production de cytokines pro-inflammatoires à partir des macrophages présents dans la cavité péritonéale de souris de génotype sauvage, activant NF-kB, processus inhibé chez les souris déficiente en tryptophane-hydroxylase. Grâce à des antagonistes du récepteur 5-HT3, Utsumi et al. [30] ont démontré l’implication de ce récepteur dans l’inflammation intestinale, et suggéré que les effets pro-inflammatoires de la 5-HT dans l’intestin sont médiés par celui-ci. Cependant, les études chez les souris et les hommes montrent des différences dans les fonctions des récepteurs à la sérotonine. Chez l’humain, en fonction des pathologies inflammatoires intestinales et du type de SII, les taux de 5-HT circulante, évalués comme marqueurs de l’absorption de la 5-HT par la muqueuse intestinale, sont soit diminués soit augmentés. Les facteurs de ces variations sont divers et comprennent le récepteur SERT de la muqueuse et celui des plaquettes, le nombre de CE et leur production de 5-HT[31]. La revue de Vahora et al.[32] souligne l’importance des changements dans la transcription des SERT des entérocytes pour la disponibilité de la 5-HT dans l’intestin et dans la circulation. La transcription est diminuée en cas d’infection par certaines bactéries pathogènes et d’inflammation, ce qui augmente la 5-HT dans l’intestin et l’hypersensibilité viscérale.

Bien qu’aucune étude à notre connaissance n’ait évalué spécifiquement l’effet de la supplémentation en TRP chez des sujets souffrant d’inflammation intestinale, l’apport en TRP pourrait favoriser une production accrue de sérotonine dans l’intestin par les CE alors que l’inflammation inhibe sa recapture par les SERT, accroissant les symptômes douloureux ; la supplémentation apparaît donc contre-indiquée.


Sérotonine plaquettaire et plasmatique

La sérotonine qui n’est pas captée par les SERT des cellules intestinales rejoint la circulation sanguine où elle est captée par les plaquettes via les SERT exprimés sur leur membrane. Les niveaux plasmatiques de sérotonine sont régulés par le nombre de SERT sur les plaquettes, qui est fonction de la concentration externe de sérotonine[33]. Les plaquettes libèrent la 5-HT lors d’une inflammation aigüe ou d’une lésion épithéliale, qui initie le clou plaquettaire et la vasoconstriction. Les fonctions des plaquettes ne sont pas seulement vasculaires. Elles jouent aussi de multiples rôles inflammatoires et immunitaires - elles disposent par exemple de TLR, interagissent avec les leucocytes et génèrent des cytokines pro-inflammatoires, des espèces réactives de l’oxygène (ERO), et des prostaglandines pro-inflammatoires[34] - rôles auxquels la contribution de la sérotonine est essentielle.

Mercado et al.[35] rappellent que les maladies cardiovasculaires (dont les AVC, infarctus du myocarde, athérosclérose, hypertension artérielle) sont associées à des taux plasmatiques élevées de 5-HT, et que l’origine de cette augmentation est encore controversée ; une hypothèse est l’augmentation de la production de la 5-HT par les CE.

L’étude de Mauler et al. [36] observe, chez des patients hospitalisés avec un syndrome coronarien aigu, une corrélation entre les taux plasmatiques de sérotonine, l’activation des leucocytes et la production de myéloperoxydase (qui convertit le peroxyde d’oxygène en ERO). Dans leur modèle murin d’infarctus du myocarde, la 5-HT dérivée des plaquettes entraîne une dégranulation des neutrophiles, une libération de myéloperoxydase et de peroxyde d’hydrogène, une inflammation accrue de la zone de l’infarctus.

Le rôle des plaquettes dans la croissance tumorale est connue de longue date. L’implication de la sérotonine plaquettaire dans ce processus est étudiée par Schneider et al.[37] dans des modèles murins. Son implication est connue également dans la pathogenèse des maladies allergiques et de l’asthme[38],[39]. Enfin, elle active les récepteurs sérotoninergiques des nocicepteurs.

La supplémentation en TRP, qui fournit davantage de substrat à la production de 5-HT par les CE accroît-elle la concentration plasmatique en 5-HT ? En cas d’inflammation intestinale, probablement, d’autant plus que le nombre de SERT des cellules intestinales diminue. Mais qu’en est-il en l’absence d’inflammation ?

La supplémentation en TRP augmente-t-elle la concentration en 5-HT des plaquettes et ainsi leur potentiel inflammatoire et oxydatif ? La revue de Mercato et al. citée ci-dessus rapporte que le taux de 5-HT plaquettaire augmente lors d’une première phase en fonction de l’augmentation de la 5-HT plasmatique mais que dans une seconde phase, en cas de concentration plasmatique toujours plus élevée de 5-HT, le nombre de SERT est diminué à la surface des plaquettes ainsi que le taux d’absorption de 5-HT, à partir, selon leur hypothèse, de la saturation des granules qui la contiennent ; alors la 5-HT plasmatique augmente à nouveau, ce qui favorise l’agrégation plaquettaire.

Des études sont souhaitables pour évaluer si, en l’absence d’inflammation intestinale, la supplémentation en TRP accroît la production de 5-HT par les CE, élève les taux de 5-HT plasmatique et plaquettaire, et si l’enzyme permettant sa dégradation en 5HIAA peut alors être saturée.

La complémentation en TRP en cas de maladies cardiovasculaires, de cancer, d’allergie respiratoire, d’asthme et de douleur chronique apparaît peu sûre en l’absence de ces études (outre leur caractère inflammatoire). Elle est déconseillée en cas d’inflammation intestinale associée à ces pathologies.


Investigations biologiques préventives avant la supplémentation en TRP

Quels sont les paramètres à explorer pour qu’une supplémentation en TRP favorise une production accrue de 5-HT centrale et non celle d’autres métabolites ? Outre les marqueurs d’inflammation classiques telles que la Protéine C-Réactive ultra sensible, peuvent être investigués des marqueurs d’inflammation intestinale et systémique, et un excès de cortisol, qui indiqueraient que le TRP est orienté vers la VK. L’homocystéinémie donnera d’autres indications développées plus loin.

Taux plasmatique de TRP/KYN : marqueur de l’activation de la VK.

Taux plasmatique de Lipopolysaccharide Binding Protein (LBP) : marqueur d’inflammation intestinale et systémique due à un excès de bactéries Gram- dans l’intestin qui expriment les LPS à leur surface, ou de porosité intestinale accrue ou initiée par les LPS, qui activent les TLR4 et NF-kB[40].

Métabolites organiques urinaires, marqueurs d’intérêt : Indican : une élévation de son taux peut indiquer une prolifération de bactéries métabolisant le TRP[41]. Ces bactéries Gram- sont porteuses de LPS qui peuvent générer de la micro-inflammation intestinale en activant les TLR4. P-Crésol[42] : peut signaler une prolifération de bactéries de putréfaction. D-lactate[43] : prolifération de bactéries dans l’intestin grêle. D-arabinitol[44] : prolifération de levure comme le Candida albicans. (Références fournies par le laboratoire LIMS). Tout marqueur de dysbiose induit la présence de cytokines inflammatoires dans l’intestin[45],[46] qui orientent le TRP vers la voie de l’IDO.

Analyse métagénomique du microbiote, marqueurs d’intérêt : excès de bactéries de fermentation, de bactéries pro-inflammatoires, de bactéries dégradant le mucus qui peuvent entraîner inflammation, leaky gut et activer la VK via l’IDO[47],[48]

L’homocystéinémie : l’hyperhomocystéinémie altère les pompes Na/K ATPase et donc la repolarisation des neurones qui deviennent hyperexcitables. Activés par de faibles stimuli, ils engendrent du stress qui active la TDO. L’homocystéine thiolactone endommage les parois vasculaires et induit l’agrégation plaquettaire[49]. En outre, une hyperhomocystéinémie est corrélée à la dépression[50]. Elle montre un dysfonctionnement du cycle de méthylation, nécessaire pour une disponibilité optimale de la S-adénosylméthionine, donneur de groupement méthyle à la sérotonine pour sa conversion en mélatonine. Le niveau optimal d’homocystéine est inférieur à 8 μmol/L[51].

Dosage salivaire du cycle du cortisol : un excès de cortisol suractive la VK via la TDO.


Conclusion

L’optimisation à la fois du statut inflammatoire, du microbiote intestinal, du cycle du cortisol et de l’homocystéinémie peut améliorer l’humeur et le sommeil sans avoir recours à la supplémentation en TRP puisque davantage de TRP est disponible pour la synthèse centrale de 5-HT et de mélatonine (sans parler de l’importance de l’axe microbiote-intestin-cerveau dans l’humeur via notamment les acides gras à chaîne courte). L’exploration d’autres facteurs de synthèse et de réception de 5-HT centrale et de mélatonine (les cofacteurs des enzymes de conversion du TRP en 5-HT centrale par exemple), n’entraient pas dans le cadre de cette revue, mais contribueraient aussi à cette amélioration.

L’innocuité apparente de la supplémentation en TRP peut cacher des processus qui entretiennent les mécanismes qui conduisent aux troubles de l’humeur, et peut potentiellement avoir des effets délétères sur les systèmes nerveux, cardio-vasculaire et rénal. Les bilans d’investigation biologique préventive permettent non seulement une utilisation plus personnalisée, efficace et sécurisée du TRP, mais aussi d’objectiver des mécanismes d’altération de la synthèse de 5-HT centrale, objectivation qui permet d’agir en amont de la supplémentation sur ces mécanismes.


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